Dépistage de la maladie coronaire par épreuve d’effort – Conclusion

A la lumière des trois billets précédents, peut-on dire si l’épreuve d’effort (EE) est un examen de dépistage pertinent ? Dans son guide sur le dépistage, la Haute Autorité de Santé propose des conditions à réunir pour qu’il soit possible et utile de dépister une maladie.

Force est donc de conclure que l’EE n’est pas un examen de dépistage pertinent : bien que simple à réaliser, il n’est ni sensible ni spécifique et ne permet pas de modifier le pronostic du patient. Dans son intervention aux Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie en janvier dernier, François Dievart indiquait que 660.000 épreuves d’effort avaient été réalisées en 2019 en France (sans compter, donc, les scintigraphies myocardiques ou échographies de stress). Quelle proportion est réalisée à titre de dépistage chez des patients asymptomatiques, alors qu’aucune étude interventionnelle n’a réussi a démonter que cet examen apporte un bénéfice clinique aux patients ? Difficile a dire, mais je pense raisonnable d’estimer que c’est probablement au moins les deux tiers. Les EE réalisées de principe sont monnaie courante, parfois même annuellement, et bien plus fréquentes que les EE diagnostiques chez des patients symptomatiques.

A l’heure où le temps médical devient précieux, il est urgent de reconsidérer la place des EE dans la prise en charge des patients, et de sortir du réflexe pavlovien : suivi cardiologique = épreuve d’effort. C’est un examen inutile, peu sensible et peu spécifique, source de stress pour les patients, de surdiagnostic et de iatrogénie. Le sujet commence à être abordé et à faire son chemin parmi les cardiologues. Encore faut-il que cette réflexion se transpose en changement de pratique, évidement chez les cardiologues en premier lieu, mais aussi dans les autres spécialités médicales voire chez les patients. Plus largement, c’est le concept même du dépistage de l’ischémie myocardique chez le patient asymptomatique qui est discutable, compte tenu de la physiopathologie de la maladie coronaire et des résultats des grandes études d’interventions des dernières années. Quand à savoir si le dépistage anatomique de l’athérome coronaire est plus pertinent, c’est une autre histoire…

.

Laisser un commentaire